Amoureux de la mer, de la Bretagne, de Quiberon, de Port Maria, de la rue des sardines
Raoul a très vite eu un Zodiac "Frédérique 1", puis un deuxième "Frédérique 2", plus puissant et plus grand.
Il s’adonne à la pêche à la ligne, part en mer sur les sardiniers et chalutiers bretons. Belle île le séduit, l’ Ile de Houat et Hoêdic aussi, les vacances d’été se déroulent donc en famille dans le Morbihan.
Le Zodiac est d'abord accroché à la Peugeot 203, puis à sa Citroen, la DS, voitures emblématiques des années 60. Sa toute dernière voiture une Ro 80, un modèle révolutionnaire, au moteur rotatif Wankel, fut une voiture capricieuse qui ne supportait pas l‘humidité : « La voiture de l’an 2000, ma voiture est faite pour le Sahara ». Sa commercialisation a été un fiasco car trop gourmande en carburant, c’est l’époque de la crise du pétrole, mais Raoul d’une mauvaise fois redoutable est resté fidèle à sa voiture Ro 80 jusqu’en 1977, clap de fin de l’exploitation de la Ro par NSU, ironie du sort c’est aussi l’année du décès de Raoul…
Il embarque et initie son petit monde au plaisir des bords de mer. Il est bon nageur, ancien champion de France de natation, fréquente quotidiennement les bains lillois, dans le même temps, il s’ entraîne au Water Polo au club des Enfants de Neptune à Tourcoing, il a aussi pratiqué le bobsleigh.
L’amour du bateau, des gens de mer, des pêcheurs, l’amène à se passionner pour la pêche en mer et là, direction la côte d’Opale, où il rencontre les pêcheurs d’Audresselles, découvre le Cap, se lie d’amitié avec le gardien de phare du Gris Nez, Henri Beaugrand, un personnage, un artiste qui compose lors de ses quarts, la nuit, à la lueur de la focale, et pour Léonce, personnage attachant, patron de l’hôtel restaurant chez Léonce, et comme dit la chanson «chez Léonce on est onze» et la rencontre de Darnal, qui lui, passe l’été à Wissant en famille avec Uta, Tom et Julie. Tous les deux amoureux de la mer, ils échangent et s’apprécient. Darnal lui dit «je t’écrirais une chanson avant la fin de l’été 69», ainsi nait « Quand la mer monte », reprise par les compagnons de la chanson et plus récemment par Patrick Sébastien. La mer monte, le magnifique film de Yolande Moreau et de Gilles Porte, césarisé en 2004, donnera un second souffle à la chanson de Jean Claude Darnal.
Raoul est pote avec les familles de pêcheurs, après son Zodiac tracté par la célèbre 2 ch peinte par Roger Frézin, qui lui, passe ses vacances à Audresselles, il achète un flobart et le tracteur, et part sur la mer du nord pêcher le bar souvent avec Armand Piquet l’autre copain de jeunesse, aussi Capenoule, sous l’œil bienveillant des frères de la côte. Il gardera une profonde admiration pour ses amis pêcheurs. À sa mort, la famille a découvert qu’il se portait garant, auprès des banques, pour que ses potes puissent acheter le nouveau flobart en résine, l’embarcation de bois devient trop difficile d’entretien. Le bateau d’échouage typique des 2 caps est devenu pièce de musée, il est maintenant sauvegardé par des passionnés qui les restaurent. Dès que l’emploi du temps le permet, il part sur la côte avec le chien Clochard, un chien de la SPA, l’adorable Kien des rues, malin, indépendant, rigolo, ensuite ce fut Strato, un cocker noir fou, il s’avèrera plus tard que le pauvre chien n’avait qu’un testicule.
Au Gris nez il y a quatre bistrots pour 80 habitants l’hiver, les endroits de perdition avec les copains ne manquent pas, c’est donc son Club Med à lui, il fait crédit chez Yvonne, chez Léonce, au Bar du Cap, moins à la Sirène, l’enseigne plus chic tenue par Fernand Bouloy. Sa passion de la mer, il la pratique si le temps est clément, sinon au volant de la 2ch, il fait le tour des amis, des bistrots, une concentration dingue de personnages atypiques sur quelques kilomètres carrés: certain Capenoules, le toubib Jean Pierre Hermant et Thérèse, Roger Frézin et Gisèle, Armand et Monette Piquet, mais aussi les Népoti; Serge et Maria, plus loin à Wimereux les frères Célie, la comédienne Ginette Garcin et l’écrivain Robert Beauvais à Audresselle…
Les dernières années, il achète et restaure un petit chalutier au Port de Boulogne, toujours en compagnie de Bernard Coppens son fidèle collaborateur; l’expert en mécanique, en agencement en tout genre…. et comme associé financier : Robert Trébor, le tourneur de l’époque. Le bateau transformé en « Yatch » de plaisance était équipé d’un espace «bain se soleil» pour que les femmes des copains puissent bronzer au vent du large.
Une année plus tard, le bateau à peine terminé, il revendra le «Christine Marie» à Trébor pour un franc symbolique, s’étant fâché avec l’imprésario, qui voulait lui faire signer un contrat d’exclusivité. Grand seigneur, et surtout indomptable, imprévisible, il refusera et signera avec lui rageusement son dernier contrat «Ravel de Grosse Bavoulde».
Le petit chalutier a fini en épave dans le port de Boulogne.
une devosgelaerienne :
« la lumière est si belle et si forte que le phare ne peut s’allumer que la nuit »
citation de Aimé Désiré Fortuné Honoré Modeste Prospère Bienvenu Constant De Vosgelaere